Samedi 6 décembre • 19h • Entrée libre
J’ai commencé à redessiner vers 15-16 ans. Premier contact avec le graffiti. Le graffiti qui, si on pousse les choses à fond, est un prétexte pour juxtaposer des formes. J’en suis donc venu à imbriquer des formes, à les faire exister ensemble ; à inventer une écriture, une mise en avant laissée au trait . Il y a une grande importance donnée à l’énergie aussi, à la brutalité et la fraîcheur du premier jet. Je ne fais donc jamais d’esquisse au crayon pour tenter de conserver cette énergie.

Ensuite, il y a une volonté d’insuffler la vie aux formes, du mouvement, du déséquilibre, du tremblotement, du suintement, de la texture, voire de la pilosité. Une autre partie de mon travail, qui en est la continuité, s’intéresse aux « entre-lieux ». J’appelle « entre-lieux » des espaces communs comme les cages d’ascenseurs, les halls d’entrée, les arrêts de bus, bref des espaces qui n’appartiennent à personne en particuliers et où souvent s’exprime du monde avec vulgarité et amateurisme.
En termes de technique, j’utilise des feutres, du crayon ou du bic pour mes dessins. Rarement, des couleurs. Mon matériel est avant tout de la récup ou le moins cher que je trouve. J’éprouve peu d’affinité pour l’ustensile bien adapté et de qualité. Même rengaine pour les supports, les moins chers, les trouvés et les récupérés.
Ce que je fais, ou tente de faire, c’est de transmettre une énergie en commençant par le trait, que j’aborde et le tente avec le plus de sincérité possible. Tout n’est que tension, déséquilibre, chute et résolution.
Quand je tape “entropie” dans Google, l’IA me donne: “
L’entropie est une mesure du désordre, du caractère aléatoire ou de l’incertitude d’un système”
Ça m’interpelle car, en somme, dans la plupart de mes dessins (peintures, gravures, collages,.), il y a une illustration de cela. Une démonstration de désordre, d’incertitude, d’aléatoire.
Le désordre est évident dans mes dessins. Dans mes dessins qui se composent toujours sans savoir très bien ce que je fais au moment où je le fais. La Ligne est souvent hésitante, le trait incertain; je cherche l’accident “heureux”, l’opportunité qu’un trait tordu m’offrirait pour faire suivre une forme biscornue. Je découvre le résultat après avoir âprement négocier avec la tension de cette mise en commun qu’on appelle pompeusement “composition”
